Oussama Ammar est une figure emblématique de l’entrepreneuriat français. Co-fondateur de l’incubateur The Family en 2013, il a contribué à faire émerger de nombreuses startups prometteuses. Cependant, après des années de succès, sa carrière a connu un coup d’arrêt brutal lorsque des soupçons de malversations financières ont entaché sa réputation. Retour sur le parcours singulier de cet entrepreneur au destin contrarié.

Les débuts prometteurs d’Oussama Ammar

Oussama Ammar naît au Liban en 1986. À l’âge de 2 ans, il part avec sa mère s’installer à Kinshasa en République démocratique du Congo. Trois ans plus tard, la mère et le fils sont expulsés du pays et se réfugient en France, à Tours. Dans des conditions précaires, Oussama Ammar montre très tôt des dispositions pour les affaires.

Dès 12 ans, il crée des sites web pour gagner de l’argent. À 13 ans, il fonde sa première société Sekalok, officiellement enregistrée en Uruguay, pour contourner son statut de mineur en France. Par la suite, il lance plusieurs business en ligne comme un site d’antiquités ou des services de récupération de données. À seulement 15 ans, il revend déjà une société valorisée à 150 000 euros.

Bien que surdoué pour l’entrepreneuriat, Oussama Ammar poursuit des études « classiques ». Après un bac S, il s’inscrit en faculté de philosophie à Paris mais reste peu assidu aux cours. L’appel de l’entreprise est le plus fort.

Le succès de l’incubateur The Family

En 2013, Oussama Ammar décide de s’associer avec Alice Zagury pour créer The Family, un incubateur de startups. Leur objectif est d’accompagner de jeunes pousses du numérique en leur fournissant des services en échange d’une partie de leur capital. The Family souhaite devenir un accélérateur de licornes européennes.

Grâce à une philosophie décalée et des méthodes innovantes, The Family rencontre un vif succès. L’incubateur parvient à lever des fonds auprès d’investisseurs et à attirer de nombreux talents en début de carrière. Sous l’impulsion d’Oussama Ammar, The Family accompagne le développement de plus de 700 startups en 8 ans d’activité.

Fort de ce succès, Oussama Ammar devient une figure respectée de la French Tech. Il cultive son image de gourou de l’entrepreneuriat à travers des conférences et une hyperactivité sur les réseaux sociaux. Doté d’un sens du spectacle inné, il accroît rapidement sa notoriété.

Une philosophie décalée

La philosophie de The Family est en rupture avec l’écosystème traditionnel des startups. L’incubateur mise sur la bienveillance, l’entraide et le partage plutôt que la compétition. Le mot d’ordre est « build together » (construire ensemble).

Oussama Ammar insuffle un vent de fraîcheur dans le monde parfois élitiste des startups. Son style décontracté et son franc-parler séduisent les jeunes entrepreneurs en quête d’authenticité.

Des méthodes innovantes

The Family propose un accompagnement sur-mesure aux startups sélectionnées. Des sessions de mentoring collectif sont organisées pour favoriser le partage d’expériences.

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L’incubateur mise aussi sur des méthodes de coaching individuel pour pousser les entrepreneurs à se dépasser. Oussama Ammar n’hésite pas à user de techniques empruntées au développement personnel.

Cette approche moderne, à la croisée du business et du coaching, est novatrice à l’époque. Elle contribue grandement au succès de The Family.

Les zones d’ombre dans le parcours d’Oussama Ammar

Malgré une ascension fulgurante chez The Family, le parcours d’Oussama Ammar connaît aussi quelques zones d’ombre. Avant de co-fonder l’incubateur, il a connu des déboires dans ses précédentes aventures entrepreneuriales.

En 2008, il co-fonde la startup Hypios qui fait faillite 3 ans plus tard. Le commissaire aux comptes pointe du doigt des dépenses personnelles excessives d’Oussama Ammar. Les sommes détournées sont estimées à 200 000 euros.

Plus tard, lors d’un passage aux États-Unis, il prend la tête de Be Sport, une startup de réseau social sportif. Là encore, des suspicions de détournement de fonds apparaissent. Be Sport porte plainte pour abus de confiance et usage de faux contre Oussama Ammar.

Bien qu’aucune condamnation ferme n’ait sanctionné ces affaires à l’époque, ces précédents interrogent sur la probité d’Oussama Ammar. L’entrepreneur semble parfois confondre les comptes de ses sociétés et ses dépenses personnelles…

Les soupçons de détournement de fonds chez The Family

Les zones d’ombre du passé refont surface en 2021, alors qu’Oussama Ammar est à la tête de The Family. Les co-fondateurs Alice Zagury et Nicolas Colin soupçonnent leur associé d’avoir détourné des fonds de l’incubateur.

En 2019-2020, The Family lève 3 millions d’euros auprès d’investisseurs dans le but de financer des startups américaines. Cependant, une partie de cette somme est finalement versée sur les comptes personnels d’Oussama Ammar, via ses holdings à Hong Kong.

Alice Zagury et Nicolas Colin alertent les actionnaires de possibles malversations financières. Ils auraient demandé à Oussama Ammar de justifier ces transferts de fonds, sans succès.

Face à l’absence de réponses, les dirigeants de The Family sont persuadés qu’Oussama Ammar a détourné l’argent des investisseurs à des fins personnelles. Le montant du préjudice est estimé à 3 millions d’euros minimum.

Un audit accablant

Pour étayer leurs soupçons, Alice Zagury et Nicolas Colin mandatent le cabinet PwC afin de mener un audit approfondi des comptes. L’enquête met en lumière de nombreuses irregularités dans les flux financiers entre The Family et Oussama Ammar.

L’audit confirme que l’entrepreneur a initié des virements de plusieurs millions d’euros vers ses comptes personnels ou ceux de ses holdings. Les preuves de détournements de fonds semblent accablantes.

Un départ forcé

Acculé par les résultats de l’audit, Oussama Ammar est contraint par ses associés de démissionner de The Family en novembre 2021. Sur Linkedin, il explique pourtant avoir décidé de passer le flambeau « après 9 ans de succès ».

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En réalité, ses co-fondateurs lui auraient signifié qu’il devait quitter l’incubateur après la découverte des malversations présumées. Son départ n’était pas volontaire.

La plainte de The Family et les réactions d’Oussama Ammar

Après le départ forcé d’Oussama Ammar, The Family décide de porter plainte pour faire la lumière sur cette affaire. Début 2022, l’incubateur le poursuit pour abus de confiance, faux et usage de faux. La justice est saisie à Paris mais aussi aux Îles Caïmans, où Oussama Ammar possède des comptes.

Face à ces accusations, Oussama Ammar se défend et dénonce un règlement de comptes. Sur Linkedin, il impute les problèmes de The Family à « un différend entre associés » et évoque des désaccords sur la valorisation de ses parts.

Tout en admittant des erreurs de jeunesse par le passé, il rejette fermement les nouvelles accusations de détournement de fonds. Il se dit « à la disposition de la justice » pour prouver son innocence.

Une défense ambigüe

La défense d’Oussama Ammar face aux poursuites de The Family semble toutefois ambigüe. S’il clame son innocence, il refuse dans le même temps de fournir les relevés bancaires qui justifieraient les mouvements de fonds litigieux.

Par ailleurs, il botte en touche sur le montant des sommes détournées, évoquant un simple « différend entre associés ». Or les audits menés ont établi que le préjudice se chiffre en millions d’euros.

Cette posture défensive trouble renforce les soupçons sur le rôle joué par Oussama Ammar dans cette affaire. Sa communication reste évasive.

Oussama Ammar se tourne vers les cryptomonnaies

Après son départ de The Family fin 2021, Oussama Ammar met en scène sa reconversion vers l’univers des cryptomonnaies. Il s’installe à Dubaï, épicentre de ce nouvel écosystème, et annonce le lancement de plusieurs projets liés au Web3.

Selon lui, les cryptomonnaies offrent le même potentiel de disruption que les débuts d’Internet. Il voit là un nouveau tremplin pour se relancer après l’échec de The Family. Oussama Ammar entend redevenir un pionnier dans cette industrie naissante.

Cependant, cette pivot stratégique interroge. La crypto offre un terrain propice pour échapper aux contraintes règlementaires traditionnelles. Le passé trouble d’Oussama Ammar nuance la crédibilité de ce nouveau départ.

Une industrie peu régulée

Le secteur des cryptomonnaies est encore peu encadré par les autorités. Les législations sont floues ou inexistantes dans de nombreux pays.

Cette absence de supervision réglementaire crée un terrain favorable aux activités frauduleuses ou aux montages financiers opaques. Le blanchiment d’argent y est facilité.

Dans ce contexte, la reconversion d’Oussama Ammar interroge. L’univers crypto offre-t-il un refuge bienvenu pour échapper aux poursuites du passé ?

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Un entrepreneur affaibli

L’image d’Oussama Ammar a été sérieusement écornée par l’affaire The Family. Ce scandale entache durablement sa crédibilité d’entrepreneur.

Dans ces conditions, réussir à lever des fonds ou convaincre de nouveaux partenaires s’annonce compliqué. Ses chances de succès dans la crypto paraissent fragilisées.

Certains observateurs voient dans cette reconversion un simple effet d’annonce pour redorer son blason. Mais les bases semblent bien fragiles pour se relancer.

La fortune d’Oussama Ammar en question

Avec la tournure des évènements, c’est désormais la fortune même d’Oussama Ammar qui est menacée. Les procédures judiciaires engagées par The Family peuvent le conduire à rembourser les montants détournés.

D’après les charges retenues contre lui, l’addition pourrait s’élever à plusieurs millions d’euros. Une telle condamnation amputerait sérieusement sa richesse acquise ces dernières années.

Par ailleurs, les holdings personnelles d’Oussama Ammar ont déjà fait l’objet de saisies conservatoires. Ses actifs sont gelés dans l’attente du procès.

Une fortune constituée grâce à The Family

Avant cette affaire, Oussama Ammar affichait une fortune estimée à plusieurs dizaines de millions d’euros. Le magazine Challenges le classait parmi les 500 plus grandes fortunes de France en 2019.

Cette richesse s’est constituée principalement grâce aux succès de l’incubateur The Family. En tant que co-fondateur, Oussama Ammar avait des participations dans les startups accompagnées,dont certaines sont devenues des licornes.

Mais en détournant des fonds de The Family, il se serait enrichi de manière indue, au détriment des actionnaires et des entrepreneurs soutenus.

Des actifs déjà gelés

Pour éviter qu’Oussama Ammar dissimule des avoirs, la justice a obtenu le gel de ses holdings personnelles. Cette saisie conservatoire empêche toute tentative de soustraire des actifs de son patrimoine.

Cette mesure provisoire le prive d’une partie des leviers de financement qu’il espérait exploiter pour se relancer dans la crypto. Ses marges de manœuvre se réduisent.

L’avenir professionnel d’Oussama Ammar remis en cause

Conséquence de cette affaire retentissante, l’avenir professionnel d’Oussama Ammar apparaît désormais bien compromis dans l’écosystème français des startups.

Sa réputation est entachée par les scandalles à répétition tout au long de son parcours d’entrepreneur. Les soupçons de détournements récurrents jettent une ombre sur son intégrité.

Malgré son sens de la communication, Oussama Ammar semble ne plus bénéficier de la confiance nécessaire pour embarquer de nouveaux partenaires dans ses futurs projets. Son image publique est durablement écornée.

Une crédibilité en berne

Dans le milieu des startups, la crédibilité est essentielle pour lever des fonds et rallier des talents. Or, celle d’Oussama Ammar semble définitivement entamée après cette affaire.

Peu d’investisseurs accepteront probablement de mettre des sommes importantes dans les projets d’un entrepreneur accusé de détournements à répétition.

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